Bonjour à tous! Je perturbe exceptionnellement la sacro sainte alternance entre pause café et articles de fond pour vous parler de nos barbus préférés: les mentors.
Ils sont des archétypes de personnages qui guident le héros au travers de sa quête. Leur fonction consiste à transmettre au héros savoir et aide. Vladimir Propp assimile la fonction du mentor au donateur, c’est à dire celui qui donne un objet au héros (souvent magique).
Par exemple, l’agent Q qui équipe James Bond avec des gadgets technologiques constitue dans certains James Bond un mentor.
Les mentors sont souvent unidimensionnels. Toutefois, une tendance existe de nos jours à complexifier ce personnage. Aussi, je vous propose de découvrir une typologie que j’ai élaborée.
Le mentor bénéfique
Le mentor bénéfique constitue un personnage qui guide le héros vers une amélioration. Il aide le protagoniste à se transcender et à surmonter ses défauts (Zed dans L’épée de vérité de Terry Goodkind, Gandalf dans le Seigneur des Anneaux, etc).
Généralement, le mentor bénéfique est lui-même un ancien héros qui a terminé sa quête. De par cet accomplissement, son rôle devient la transmission du savoir acquis lors de son aventure.
Par conséquent, le mentor bénéfique symbolise le passage de flambeau, la transmission aux générations futures.
Tout héros est en principe amené à devenir un mentor. Il s’agit là d’une règle intéressante pour quiconque écrit des trilogies ou des sagas. En effet, dans votre évolution de personnage, vous pourrez traiter de la difficulté d’accepter le passage de héros à mentor.
Un exemple criant de cette difficulté se trouve dans Star Wars 8 Les Derniers Jedi, où Luke peine à accepter de devenir le mentor de Rey.
S’il existe des mentors bénéfiques, ceux-ci ne sont pas toujours animés des meilleurs intentions. C’est ce que nous allons voir à présent.
Le mentor maléfique
Ici, nous allons parler de vrais méchants! Le genre à te piquer ta femme, ton chien et ta maison avec le sourire. Le mentor maléfique va conduire le héros dans les tréfonds les plus obscurs de son âme.
Il guide le héros vers le mal ou son déclin, en assumant complètement son côté maléfique. Généralement, le mentor maléfique possède une haute position dans la société et décide de prendre le héros sous son aile:
- soit pour le manipuler (c’est le cas d’Hannibal Lecter avec Will Graham)
- soit pour trouver un successeur (à peu près tous les seigneurs Sith avec leurs apprentis dans Star Wars)
- soit pour augmenter sa puissance/son pouvoir (Arès avec Kratos dans God of War)
- soit parce que cela permet d’exprimer sa folie (Tyler Durden avec Edward Norton dans Fight Club, Evie avec Tracy dans Thirteen)
Si le mentor maléfique assume au grand jour son côté maléfique, ce n’est pas le cas de son homologue le faux mentor bénéfique.
Le faux mentor bénéfique
Beaucoup plus retors que le mentor maléfique, le faux mentor bénéfique se fait passer pour un allié du héros. Néanmoins, il guide subtilement ce dernier vers les aspects les plus noirs de son être ou vers son déclin.
Contrairement au mentor maléfique, le faux mentor bénéfique distille d’abord de bons conseils au héros, puis progressivement il va amener le héros à franchir des barrières morales de plus en plus grandes.
Par exemple, dans Star Wars, Palpatine encourage l’amour d’Anakin pour Padmé, lui faisant franchir un premier interdit: les jedi ne doivent pas se marier. Ensuite, il rassure Anakin sur le fait que cela n’est pas très grave de vouloir devenir plus puissant même si cela dérange le conseil jedi. Enfin, il l’amène Anakin à massacrer la plupart des jedi.
Le faux mentor bénéfique possède souvent deux identités:
- une identité cachée où il agit dans l’ombre. D’apparence, il portera souvent une capuche, un masque, ou se tiendra dans la pénombre (Darth Sidious, Reverse Flash, etc)
- une identité classique (Darth Sidious qui est en fait le chancelier Palpatine, Reverse Flash qui est Harrisson Wells dans la série Flash)
Par ailleurs, le faux mentor bénéfique peut être un objet magique (l’anneau dans le Seigneur des Anneaux, Frostmourne dans Warcraft, etc), ce qui est plus rarement le cas des autres types de mentor.
En résumé, le faux mentor bénéfique corrompt le héros par la fourberie contrairement au mentor que nous allons maintenant étudier.
Le faux mentor maléfique
Le faux mentor maléfique semble à première vue une personne méchante. Souvent, il entre en conflit avec le héros pour des choses futiles (Severus Rogue dans Harry Potter) et rechigne à lui enseigner quoique ce soit (toujours Severus Rogue dans Harry Potter).
Parfois, l’objectif du mentor semble même être à l’opposé du héros et un affrontement se profile.
Par exemple, dans La voie des ombres de Brent Weeks, le héros affronte littéralement son mentor dans un duel à mort.
Autre exemple, dans la Trilogie des joyaux noirs d’Anne Bishop, on se demande pendant une bonne partie des livres si le mentor et le héros n’ont pas planifié de se tuer (voir de se torturer).
Pourtant, le faux mentor maléfique finit soit:
- par apprécier le héros, qui a su le charmer par ses qualités (Azoth gagne durement la sympathie de Durzo Blint dans La voie des ombres de Brent Weeks, Maximus se fait apprécier de Proximo dans Gladiator de Ridley Scott)
- par révéler qu’il appréciait le héros dès le départ mais qu’il devait garder les apparences (Severus Rogue dans Harry Potter)
Bref, le faux mentor maléfique se révèle être un gentil. La révélation impactera d’avantage le lecteur si elle a lieu vers la fin. Toutefois, attention! Plus la révélation tardera, plus il faudra semer des indices dans l’histoire pour ne pas rendre celle-ci trop artificielle.
Cette chronique s’achève ici. Bien entendu, cette typologie ne constitue pas une règle immuable. Je vous invite d’ailleurs à expérimenter autour de ces catégories.
Pour l’heure, je vous dis à la semaine prochaine! Comme d’habitude, n’hésitez pas à commenter et à partager l’article sur les réseaux sociaux.
Et Dumbledore ? Je trouve que justement, son rôle est très ambigu. Est-il un mentor bénéfique, un faux mentor bénéfique ?
Une super question qui mériterait presque un article pour y répondre 🙂
Tu as raison, le rôle de Dumbledore est très ambigu. Avec ce personnage, J.K Rowling soumet clairement un choix moral aux lecteurs. Pardonner ou non à Dumbledore.
Dans les livres comme dans les films, la dernière rencontre entre Harry et Dumbledore semble indiquer qu’Harry comprend les actes de Dumbledore et les valide. Implicitement, cela veut dire que Dumbledore l’a guidé dans le bon chemin et donc il constitue un mentor bénéfique.
Pour autant, si toi, en tant que lectrice, tu estimes que les manipulations de Dumbledore ont conduit Harry sur un chemin dangereux et qu’en fait Dumbledore est un être froid qui voulait tuer un rival. Alors, Dumbledore sera un faux mentor bénéfique.
Honnêtement, je penche surtout pour la première hypothèse étant donné les noms des fils de Harry.
ps: je t’invite également à observer un parti pris intéressant des films par rapport aux livres. A la fin, dans les films, il y a clairement une ambiguïté sur l’identité du père d’Harry…