Interview de Marièke Poulat du blog Mécanismes d’histoires


interview / mercredi, mai 22nd, 2019

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’interviewer Marièke Poulat du blog Mécanismes d’Histoires.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Marièke a un joli parcours à son actif puisqu’elle a publié plusieurs histoires (en édition traditionnelle et en autoédition). Son blog sur l’écriture a dépassé les 180 000 visiteurs par an. Elle est également co-fondatrice de l’appart Quatremain, un espace de co-working qui aide les femmes dans leurs projets d’entrepreneuriats.

Dans le cadre de cet interview, Marièke a eu la gentillesse de nous partager son expérience d’auteure, blogueuse et entrepreneuse. Je vous laisse découvrir notre entretien ci-dessous.

Quand on espère devenir écrivain·e, la question se pose rapidement de savoir si ça vaut le coup d’ouvrir un site auteur·e. Est-ce que tu pourrais nous faire un retour d’expérience sur le blogging? Cela t’a-t-il permis d’avoir des opportunités liées à l’écriture ?

Bonjour 🙂

Alors, oui et non.

Oui, parce que le fait d’avoir un blog plutôt fréquenté m’a permis d’avoir plusieurs “cadeaux” de la part de différentes entreprises de l’écriture – je pense au logiciel Antidote qui m’a été offert contre parution d’un article ou les stages d’écriture que j’ai pu faire gratuitement (du moins, là encore, contre parution d’un article). Cela m’a aussi permis de créer des liens avec des éditeurs et éditrices en activité.

Non, d’un autre côté, puisque je n’ai encore, à l’heure actuelle, eu aucune opportunité de publication liée au blog (mais je ne désespère pas que ça arrive un jour).

Il faut aussi dire ici que je n’ai, au départ, en 2015, pas pensé Mécanismes d’Histoires comme un site auteur. Je le voyais vraiment comme un blog où je partageais astuces et connaissances sur l’écriture et le monde de l’édition. En parallèle, j’avais d’ailleurs un autre site à mon nom où je présentais mes livres. J’essaye de rassembler de plus en plus les deux désormais.

As-tu des conseils pour les auteur·e·s débutant·e·s dans le blogging ?

Oui, j’en ai un petit paquet, j’ai même fait un article sur le sujet 😉

Selon moi, les plus importants au lancement sont :

  1. Avoir un objectif qui se traduit par une ligne éditoriale. Si le but est de se faire connaître en tant qu’auteur·trice, il est essentiel de parler de soi, de ses actus, de ses livres, mais pas que.
  2. Penser à un calendrier éditorial pour planifier ses contenus et éviter de se perdre en route dans la masse de travail !
  3. Ne pas parler que de soi. On a tendance à penser qu’un·e blogueur·se ne pense qu’à lui/elle. C’est faux. Au contraire. La force des influenceur·se·s, c’est d’élargir des expériences personnelles à des questions plus générales dans lesquelles tout le monde se retrouve.
  4. Ne pas négliger le pouvoir de la newsletter ! Avec 100% de personnes atteintes et 30% en moyenne d’ouverture, c’est bien plus puissant que tous les réseaux sociaux réunis 🙂

Selon toi, quels sont les pièges à éviter quand on ouvre un site auteur·e ?

Je dirais que les pièges dépendent plus de la personne qui ouvre son site auteur que du fait d’ouvrir un site auteur.

Si vous êtes du genre à ne pas tenir sur la longueur, le piège serait de s’imposer un rythme beaucoup trop important au début et de s’essouffler vite. Mieux vaut commencer par un article par semaine et augmenter le rythme que faire trois articles la première semaine et arrêter à tout jamais.

Un autre piège serait d’être impatient·e : le développement d’un blog / d’un site prend du temps (je pense que tu peux confirmer, Martin !). Se concentrer uniquement sur les chiffres de fréquentation est le meilleur moyen de tout arrêter !

Note de Martin: Oui, je confirme! Les premiers mois sont les plus durs car personne ne vous connaît. Faîtes des partenariats, écrivez pour les autres en faisant un lien vers votre blog et vous devriez atteindre des résultats tout à fait honorable d’ici 6 mois/un an (sous réserve de vous renseigner un minimum sur le seo).

Tu as testé à la fois l’auto-édition et l’édition traditionnelle, y a-t-il un de ces modes de publication qui a été le plus intéressant pour toi ?

J’ai uniquement publié des nouvelles en édition traditionnelle donc cela peut un peu modifier mon expérience mais je pense que ce sont simplement deux manières très différentes de fonctionner.

L’édition classique est vraiment intéressante dans le sens où elle donne l’occasion de vraiment s’interroger sur son texte. Dans toutes mes expériences, une personne de la maison d’édition m’a fait des retours et nous avons avancé ensemble pour corriger le texte. La maison d’édition gère ensuite tout le reste et envoie le (petit) chèque des droits d’auteurs – c’est assez reposant.

Dans l’auto-édition, c’est différent. Il s’agit de tout gérer, de la qualité du texte à la promotion en passant par la mise en page. De ce fait, en tant qu’auteur·trice, on a bien moins de recul sur son texte. Si je venais à renouveler l’expérience de l’auto-édition pour un texte de fiction, je pense que je prendrais quelqu’un pour m’accompagner dans la correction du texte.

As-tu des conseils pour se faire publier en traditionnel ?

Mmm. Honnêtement, non. Enfin, si, les classiques : repérer les maisons d’édition qui publient des livres dans un thème / genre similaire au sien, écrire une lettre d’accompagnement dédiée à la maison d’édition visée et respecter les règles de soumission imposées.

L’édition traditionnelle est une loterie : si on ne peut pas vraiment augmenter ses chances de gagner, évitons au moins d’augmenter nos chances de perdre ^^’

Il y a beaucoup d’interrogation autour de l’auto-édition. Les droits d’auteurs sur les ventes y sont souvent plus importants. Certains coachs en webmarketing citent même l’ebook comme un moyen de dégager un revenu passif. Toi, qui est entrepreneuse et a publié un ebook (les 12 peurs de l’écrivain·e), quel est ton avis sur le sujet ?

Il y a beaucoup à dire sur cette question.

L’ebook est effectivement une source de revenus passive (une fois qu’il est publié, l’argent rentre sans que l’auteur·trice n’ait plus rien à faire) A PARTIR du moment où le temps passé à l’écrire, à l’illustrer et à le mettre en forme soit remboursé. Et ça, c’est déjà pas évident ! En effet, il faut bien comprendre que pour un ebook vendu à 0,99€ (c’était le cas pour mon ebook jusqu’à récemment, je l’ai un peu augmenté), l’auteur·trice touche 0,33€ (chez Amazon KDP). Donc il faut vendre é-nor-mé-ment d’ebooks pour que ce soit rentable.

Pour ma part, j’ai conçu l’ebook à partir de newsletters que j’avais déjà envoyées à une partie de ma communauté et ça m’a demandé un peu moins de temps (une bonne dizaine d’heures quand même). Je l’ai vu:

  1. comme un cadeau à ma communauté (il était gratuit les deux premières semaines pour permettre à mes abonné·e·s de l’avoir)
  2. comme un moyen de “rentabiliser” les heures passées sur ma newsletter.

Sans langue de bois aucune, je pense que la majorité des gens qui gagnent leur vie grâce à des ebooks et des formations en ligne “miracle” sont des vendeurs et des vendeuses de rêve. Si on regarde les ebooks qui sont les plus vendus, ce sont ceux qui donnent les clés pour réussir à vendre son ebook / vivre de sa passion (et j’en passe)…

Or on sait qu’en terme de com’, d’écriture ou encore de publication, il n’y a ni véritable clé (rien que des outils), ni véritable miracle (rien que du travail).

En parlant des peurs de l’écrivain, quelle est la peur qui t’a le plus bloqué dans ton parcours d’écrivaine ?

Pour ma part, ça a toujours été celle de ne pas finir. Ayant souvent abandonné mes textes au début de la rédaction (notamment quand j’étais plus jeune), j’ai toujours eu peur de ne pas compléter mon roman en cours. Cette peur s’est vraiment estompée avec le temps…

La dimension psychologique est souvent cruciale dans l’aboutissement ou l’échec d’un roman. Plus qu’une course, c’est un marathon qu’il faut pouvoir tenir dans la durée. Utilises-tu des trucs/des outils/des méthodes pour faciliter tes séances d’écriture ?

Mon outil n°1, c’est le plan. C’est quand j’ai commencé à faire des plans que j’ai commencé à tenir la rédaction sur la longueur. Pour les projets au long cours, j’ai besoin de savoir ou je vais pour écrire – sinon je bloque. J’utilise la méthode flocon que je twiste un peu pour créer mon plan et avancer.

Mon outil n°2, c’est le NaNoWriMo, alias le National November Writing Month. Pendant tout le mois de novembre, il s’agit pour tous les nanoteur·se·s d’écrire 50 000 mots. Ce défi a vraiment changé ma façon d’avancer sur mes projets : la rédaction de mon premier jet est presque toujours une course contre la montre, ça m’empêche d’avoir peur (je n’ai pas le temps pour ça !).

Et mon outil n°3, c’est mon téléphone portable. J’écris énormément à partir de mon téléphone, notamment les premiers jets. C’est ce qui me permet d’avancer même quand ma vie est un peu speed à côté (entre mon blog, mon entreprise…).

As-tu un genre de prédilection ? Si oui, quels sont les auteur·e·s que tu conseillerais de lire absolument (avec toi bien sûr) ? 😉

Pas vraiment. Je suis plutôt du genre à lire ce qui me passe sous la main et à écrire ce qui me passe par la tête. J’écris du contemporain (avec un brin de romance le plus souvent) mais aussi de la SF et de la fantasy. En vrac, mes auteur·trice·s référence sont : Jane Austen (pour sa verve), Tolstoï (pour la psychologie de ses personnages), JK Rowling (pour Harry Potter ^^), JRR Martin (pour sa façon de se glisser dans ses persos) et Anna Gavalda (pour son ton).  

Un truc que j’adore particulièrement sur ton blog, ce sont tes exercices d’écriture. Tu proposes toujours des choses intéressantes. As-tu un exercice préféré en ce moment ?

Pas vraiment. Je suis la pire en ce qui concerne les exercices d’écriture : je n’en pratique jamais (à part quand je participe à des ateliers d’écriture mais c’est imposé du coup).

Dans mon activité pro, je suis formatrice et ce que j’aime particulièrement, c’est parvenir à décortiquer et à faire comprendre des trucs compliqués (je peux t’expliquer les statuts d’entreprise, le développement web ou encore le fonctionnement de la TVA sans flancher !). C’est certainement un aspect de ma personnalité qui ressort dans les articles où je propose des exercices d’écriture 🙂 . J’aime trouver des outils pédagogiques et voir le regard de mon vis-à-vis s’illuminer de compréhension. Ce n’est pas pour rien qu’il y a “Mécanismes” dans le nom de mon blog !

Pour finir, est-ce que tu peux nous parler de tes projets futurs (livres, Mécanismes d’histoires, Appart Quatremain, etc…) ?

Héhé, j’en ai toujours un paquet sur le feu !

Concernant mes livres, j’ai un appel à texte en cours pour début juin et un roman en cours de corrections, Le Refuge. J’aimerais le conclure pendant les vacances et l’envoyer aux maisons d’édition en septembre.

Pour le blog, j’avoue que je suis un peu en stand-by : j’écris un article par semaine, qui paraît le vendredi, mais je n’ai pas le temps que je voudrais pour lui donner plus. Comme je le disais au début de cette entrevue, j’aimerais en faire un peu plus un site auteur mais je n’ai pas encore trop poussé cette réflexion.

Et pour l’appart Quatremain, les projets affluent en permanence, c’est top. En ce moment, on développe, avec mon associée, des masterclass de 3h sur des sujets comme la communication, le marketing ou l’entrepreneuriat. L’idée est de non seulement donner des outils théoriques mais aussi de les appliquer. Mais notre projet le plus fou concerne la création d’une franchise pour que les apparts Quatremain se développent de partout en France (enfin, de partout… autre part qu’à Paris en tout cas !). Cela nous prend pas mal de temps !

Merci Martin pour les questions super intéressantes et pour m’avoir fait une petite place sur ton blog.

De rien Marièke, merci d’avoir répondu à mes questions. C’est un plaisir de te retrouver et d’en apprendre un peu plus sur ton parcours.

Si l’interview vous a plu, vous pouvez la partager en cliquant sur les icônes juste en dessous. Cela fait toujours plaisirs 🙂

2 réponses à « Interview de Marièke Poulat du blog Mécanismes d’histoires »

  1. Merci pour cette interview d’une star du blogging littéraire, sans langue de bois 🙂
    Je suis le blog de Marieke et j’ai vraiment apprécié en savoir plus sur ses coulisses.
    Intéressant aussi son point de vue sur les ME, l’auto-édition et l’e-book…
    Son parcours est inspirant !
    De mon côté, je partage sa peur de ne jamais terminer un projet de roman et j’apprécie également l’émulation du NaNoWriMo 🙂

    1. Merci beaucoup Nox pour tous ces commentaires 🙂

      Oui, Marièke a été super de bien vouloir répondre aussi franchement à toutes ces questions, sans compter que je lui avais dit d’emblée qu’elle pouvait choisir de ne pas répondre à certaines questions et elle a accepté de se prêter au jeu jusqu’au bout. Chapeau!

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