Avez-vous déjà remarqué ?
Souvent, dans les romances, les futurs amoureux n’arrivent pas à s’avouer leur attirance l’un pour l’autre.
Ça donne ce dialogue un peu gênant mais à la fois trop mignon où les deux tourtereaux se disent en revoir de façon…trèèèèèès maladroite.
Personnellement, c’est un passage qui me tire un sourire à chaque fois.
C’est pourquoi, j’avais envie de vous expliquer comment ça marche et comment vous pouvez écrire un dialogue maladroit.
Pour ce faire, je vais diviser cette technique en deux grandes étapes :
- Les éléments à créer avant d’arriver au dialogue
- Les techniques à employer dans celui-ci
Et si vous restez jusqu’à la fin, vous aurez même le droit à une technique optionnelle. Bonne lecture !
Les éléments à mettre en place avant d’écrire un dialogue romantique maladroit
Ça y est.
Vous voulez écrire un dialogue maladroit. Mais comment faire pour charger celui-ci en émotion ?
Pour ça, je vous conseille deux techniques à utiliser en amont :
- d’abord, révélez à votre lecteur que l’un des personnages aime l’autre
- Ensuite, celui-ci doit effectuer une action qui va le rapprocher de son futur amour
Ces deux étapes sont très importantes car elles permettent d’inscrire le dialogue maladroit dans l’intrigue globale du récit.
Montrer l’attirance d’un personnage en amont
Avant d’écrire un dialogue maladroit, je vous suggère de montrer le désir de votre héros pour son être aimé.
Car cela crée de la tension.
Le héros va-t-il réussir à avouer son amour ? Partage-t-elle ses sentiments ? Autant de questions qui vont tenir en haleine le lecteur et qui ne le lâcheront plus.
Dans Pas de charentaises pour Eddie Cochran de Patrice Lemire, l’auteur exprime ce désir via les pensées de Mouloud (l’amoureux).
Elle souffle sous la surface pour faire des bulles, renifle et fronce son nez plein d’eau, cligne les yeux parce que ça pique. Elle est tout simplement ravissante et Mouloud décide que ça y est. Il est amoureux.
Pas de charentaises pour Eddie Cochran de Patrice Lemire
Cette technique d’utilisation des pensées fonctionne mais vous pouvez aussi exprimer le désir via un discours ou des actions.
Une fois que c’est fait, vous pouvez passer à la deuxième étape de la mise en place du dialogue maladroit.
Créer les conditions d’un rapprochement
Vos deux amoureux se sont rencontrés mais ils ne se sont pas encore avoués leurs sentiments.
Pour résoudre ce problème, vous pouvez leur donner un coup de pouce et créer une situation où l’un des protagonistes est mis en valeur.
Par exemple, dans Pas de charentaises pour Eddie Cochran, Mouloud tombe amoureux de Marie -Camille mais il ne sait pas comment l’aborder.
Il décide de crever les pneus de son vélo en douce pour lui proposer son aide et passer pour un sauveur.
Cette technique de la damoiselle en détresse (ou du damoiseau) marche très bien pour créer un rapprochement.
L’un des personnages sauve l’autre, ce qui permet de le voir sous un jour favorable et le dialogue maladroit peut alors commencer.
La phase de dialogue maladroit
Maintenant que vos personnages se sont rencontrés, ils doivent…se quitter.
C’est ballot, mais ils ne peuvent pas s’avouer leurs sentiments maintenant sinon il n’y aurait plus d’intrigue amoureuse.
À ce stade, vos deux amoureux :
- soit découvrent seulement qu’il y a quelque chose entre eux
- soit en sont conscients mais n’osent rien avouer
Du coup, ils se disent en revoir de façon un peu gauche, sans vraiment vouloir se quitter.
Votre mission, en tant qu’écrivain, sera de retranscrire ce sous-texte de séduction.
Pour ce faire, voici une technique en deux temps :
- Manifester la gêne dans le texte
- le truc du courage à deux mains
Écrire un dialogue hésitant
Facile à dire mais comment faire ?
Il y a trois trucs qui fonctionnent bien pour simuler la maladresse dans vos textes :
- utiliser des marqueurs de l’hésitation (heu, ha, bon, ben, point de suspension, phrase coupée, etc.).
- répéter ce que dit l’autre
- manifester physiquement la gêne (rougeur, sueur, etc.)
Pour vous illustrer ces concepts, analysons ce passage de Pas de charentaises pour Eddie Cochran (oui, je sais encore ! C’est fait exprès ;))
-Bon, ben, voilà. Je vais te laisser. Il faut que j’y retourne.
-Bon, ben, à bientôt. Peut-être.
-Oui. Peut-être…
Sur la pointe d’une graminée oscillante, une sauterelle tardive se balance. Là-bas, vers le grand saule, deux corneilles coléreuses se disputent.
-Bon, ben, voilà.
-Ben, bon, on fait comme ça…
Mouloud part, tête basse. Ce n’est pas comme ça, dans les films.
-Dis !
-Oui ?
Il se retourne d’une pièce.
Si tu veux, on pourrait se baigner demain. Tu sais où c’est ? Où tu m’as rencontrée.
Il rougit.
-d’accord, je prendrai mon maillot.
Là, c’est elle qui devient coquelicot.
À demain.
Pas de Charentaises pour Eddie Cochran de Patrice Lemire
En lisant cet extrait, on s’aperçoit que les personnages hésitent beaucoup (« Bon, ben », point de suspension, etc.).
À ces marqueurs textuels, s’ajoutent des indices physiques de la gène (« Il rougit », « Là, c’est elle qui devient coquelicot »).
Côté sens, jusqu’au « dit ! », vous remarquerez que les personnages répètent presque mot pour mot ce que dit l’autre (« Peut-être »; « Bon, ben, voilà », « Ben, bon, on fait comme ça…).
Cela contribue à créer cette ambiance ambiguë et malaisante. Toutefois, écrire un dialogue maladroit doit se faire avec parcimonie, au risque d’agacer le lecteur.
Il faut qu’à un moment donné le dialogue progresse, et cesse de ramoner. C’est le rôle de la prochaine technique.
Un personnage prend son courage à deux mains
Quand vous mettez un dialogue maladroit dans votre histoire d’amour, il faut que vous prévoyiez un changement de dynamique.
À un moment donné, l’un des amoureux doit prendre son courage à deux mains et proposer un autre rendez-vous.
Sinon, vous risquez d’ennuyer le lecteur.
Parfois, si votre protagoniste est trop timide, un personnage secondaire peut lui forcer la main et le faire à ça place.
Dans Pas de charentaises pour Eddie Cochran, c’est Marie-Camille qui fait le premier pas avec le « -Dis ! » de l’exemple précédent.
-Dis !
-Oui ?
Il se retourne d’une pièce.
-Si tu veux, on pourrait se baigner demain (…).
Il rougit.
-d’accord, je prendrai mon maillot.
Là, c’est elle qui devient coquelicot.
Pas de Charentaises pour Eddie Cochran de Patrice Lemire
Dans cet extrait, on est passé de la répétition « bon, ben » de l’exemple précédent, à un changement de dynamique (l’invitation à se revoir) avec un climax (les rougissements).
Grâce à l’addition de ces techniques, écrire un dialogue maladroit devrait être plus facile pour vous.
Si vous vous sentez plus confortable, vous pouvez essayer d’ajouter un dernier truc…
Une technique optionnelle
Si vous regardez des comédies romantiques, vous avez peut-être remarqué cette astuce.
Pendant le dialogue, l’un des personnages va être tellement gêné qu’il va tenter une blague…archie pourrie.
Généralement, cette scène va être suivie d’une autre où ce dernier va se morfondre d’avoir été un orateur si pitoyable.
Cette technique ajoute une vraie plus-value à l’histoire. Elle rajoute un brin d’humour et de réalisme.
En effet, qui n’a jamais fait de boulette pendant un rencart ? (les menteurs, je vous vois ;))
Pour utiliser ce truc :
- écrivez les marqueurs physiques et textuels de la gêne
- ajouter une blague (drôle ou pas)
- faîtes rire les deux personnages
- dans le chapitre d’après, rédigez une scène où le personnage qui dit la blague se morigène pour ses maladresses
À vous d’essayer !
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