10 figures de style de répétition à connaître absolument


écriture / vendredi, juillet 19th, 2019

Quand j’étudiais des textes littéraires en français, je me disais que tout ce qu’on apprenait sur les figures de style c’était un peu tiré par les cheveux. J’étais persuadé que les écrivains s’en remettaient à leurs muses et pondaient des procédés de style par le pouvoir de leur imagination.

J’avais tort.

Alors ok, il y a une part d’instinctif mais l’écriture c’est surtout beaucoup de travail. Connaître et maîtriser les figures de style en fait partie.

Comme le sujet est vaste, nous ne verrons dans cet article que les figures de style de répétition et leurs définitions.

En voici 10.

Les figures de style de répétition qui jouent sur le rythme

L’anaphore

Cette figure de style consiste en la répétition d’un mot ou d’un groupe de mots en début de phrase ou de paragraphe.

Par exemple,

Ils vinrent à deux. Ils vinrent à trois. Bientôt, ils vinrent à 100 et le monde en fut changé à jamais.

Ce procédé de style insuffle du rythme à votre texte. Personnellement, je trouve qu’il fonctionne mieux par répétition de trois.

Dans l’exemple ci-dessus, je répète 3 fois « ils vinrent à » avec une variation sur la 3e répétition pour marquer une conclusion au paragraphe (la variation est en italique).

Vous n’êtes pas obligé de suivre mon exemple. C’est un peu à chacun sa tambouille. Mais, ça vous donne une application concrète de l’anaphore.

Maintenant que nous avons vu celle-ci, je vous propose de découvrir la figure de style de répétition suivante.

L’épiphore

C’est la même chose que l’anaphore sauf qu’on répète en fin de phrase ou de paragraphe.

Voici un exemple dans un registre tragique (attention, c’est triste):

Il me vola mon coeur un jour de mai. Depuis, je ne vis plus. Le cancer m’a pris la vie avec mon enfant. C’était un jour de mai. Un jour où tu riais, un jour où tu me disais « Maman! Maman! Tu reviendras demain? », j’ai dit « Bien sûr, mon chéri » . Je suis revenu…et tu es parti… c’était un jour de mai.

L’épiphore permet de renforcer la fin d’un paragraphe ou d’un groupe de phrases. Or, comme je vous l’expliquais dans mon article sur le paragraphe, ce sont des moments propices pour des annonces ou la révélation d’informations

Symploque

Cette figure de style de répétition constitue une combinaison de l’anaphore et de l’épiphore.

Schématiquement, on aura la répétition d’un mot en début de phrase et la répétition d’un autre mot en fin de phrase/de paragraphe.

Exemple:

Les doigts boudinés de l’ogresse, les doigts acérés de l’ogresse, ses doigts qu’il fallait à tout prix satisfaire.

Ici, l’anaphore constitue « les doigts » et l’épiphore = « de l’ogresse« .

Passons maintenant aux autres figures de style de répétition.

L’épizeuxe

Dans cette figure de style, un mot sera répété à l’identique, de façon contigüe, au sein d’une phrase.

Par exemple:

Johnny, Johnny mais que vais-je faire de toi?

C’est simple, c’est efficace. C’est un procédé stylistique qui fonctionne bien dans les dialogues (notamment dans les personnages de Mafieux ou de parents exaspérés par leurs progénitures).

Les figures de style de répétition qui servent d’appui

L’anadiplose

Dans cette figure de style, on reprend un ou plusieurs mots d’une phrase précédente que l’on va réutiliser comme point d’appui pour développer la phrase suivante.

Par exemple:

Pour moi, c’est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est…

Camus, L’Etranger

Cette figure de style de répétition possède une petite soeur: l’épanode.

L’épanode

Dans la famille des figures de style de répétition, l’épanode se rapproche de l’anadiplose.

Comme l’anadiplose, elle va reprendre le/ou les derniers mots d’une phrase ou d’un groupe de mots. Par contre, cette reprise va servir à expliquer ou compléter ce qui a été dit dans la phrase/le groupe de mots précédents.

Le nombre faisait notre force et notre faiblesse; notre force, parce que nous étions une armée; notre faiblesse, car nous étions désunis.

La concaténation: une figure de style de répétition…qui se répète

Dans cette figure de style de répétition, le texte prend appui sur une suite d’épanodes ou d’anadiploses.

Par exemple:

Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu’elle ne le connaît pas.

Voltaire « Guerre », Dictionnaire Philosophique de 1764

Attention avec ce procédé de style, si vous l’utilisez abondamment vous risquez d’obtenir un texte saccadé.

La prochaine figure de style de répétition que nous allons voir est l’inverse de l’anadiplose.

L’épanadiplose

Dans ce procédé de style, on prend un élément situé en début de phrase que l’on va reprendre en fin de phrase ou de proposition.

Par exemple, l’expression comique:

Trop d’impôt tue l’impôt

source wikipédia

ou encore:

L’armée, on y rentre par choix mais on en repart jamais vraiment, elle nous hante, elle nous poursuit l’armée.

Ce procédé fonctionne bien pour des maximes comique ou pour créer une révélation (la face cachée de quelque chose par exemple).

Nous en avons fini avec les figures de style de répétition qui servent d’appui. Je vous propose donc de voir celles qui jouent sur le sens.

Les figures de style de répétition qui jouent sur le sens

La figure de style de répétition du son: l’antanaclase

L’antanaclase consiste à répéter un mot avec une sonorité identique mais un sens différent.

Par exemple:

L’humain, une espèce qui achète en espèce les autres espaces.

Dans cet exemple, « une espèce » désigne la race humaine tandis qu’en « espèce » désigne de l’argent liquide.

Ou

La défaite est amère comme une bière amère.

Dans ce cas, on a « amère » (synonyme de pénible) et amère (le goût âpre).

La figure de style de répétition de la forme: le polyptote

Cette figure de style consiste à répéter un mot avec une variante:

  • de temps, de mode, de voix ou de personnes pour les verbes
  • de nombre, de genre, de déterminants pour les noms

Exemple avec un verbe:

Je suis revenu une fois, je reviendrai encore.

Je suis un homme, vous serez un dieu.

Exemple avec un nom:

Dans ce monde, il n’existe qu’une place de roi pour tant de places de pauvre.

Voilà, notre tour d’horizon des figures de style de répétition s’achève.

J’en profite aussi pour vous dire que j’ai réalisé ma première formation d’écriture vidéo et qu’elle est disponible en cliquant sur ce lien.

Elle vous apprend une structure présente dans certains Bestsellers. Je vous montre sous vos yeux la création de la structure d’un petit roman.

Si elle vous intéresse, sachez que vous pouvez bénéficier d’une réduction avec le code promo « roman » jusqu’au 6 juillet.

À bientôt !

Ps : Je donne des supers conseils d’écriture par mail qui ne sont pas dans le blog. Pour ne pas les rater et recevoir un ebook contenant 2 structures narratives. Inscrivez-vous gratuitement avec le formulaire ci-dessous.

22 réponses à « 10 figures de style de répétition à connaître absolument »

  1. Chouette article ! 😀

    La concaténation peut aussi servir à créer un effet de gradation (vers le plus comme vers le moins, vers la gravité comme vers l’euphorie), mais aussi pour créer un effet un comique 😉

    1. Merci Zahardonia. Oui, je n’ai pas du tout parlé de la gradation qui est une super figure de style mais bon je me garde encore certains procédés stylistiques sous le coude pour d’autres articles 😉

  2. Dans un ouvrage où sont développées des narrations complexes, scientifiques par exemple, existe-t-il une expression pour désigner l’obligation, pour l’auteur, de revenir plusieurs fois sur un schéma ou un point d’appui afin de rendre plausible sinon compréhensible une phrase ou une idée suivante ? Une monographie comprenant quelques centaines de pages, oblige ce retour en arrière, même formulé différemment pour éviter la redondance. Ce peut aussi être le jeu des appels de note, ce qui allège l’écriture mais pas forcément la lecture. Merci de votre lecture.

    1. Bonjour Daniel,

      Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris. C’est comment on appelle la nécessité de répéter et de reformuler des éléments dans un ouvrage didactique que vous désirez savoir ?

      Pour moi, ça s’appelle simplement la pédagogie. Là, comme ça, je ne suis pas sûr qu’il y ait une figure de styles dédiée à ça, vous trouverez peut-être votre bonheur du côté des ouvrages sur la Rhétorique (car pour moi ça relève plus de la structure du discours).

      Après, vous avez des figures de style qui peuvent au niveau d’une phrase/d’un paragraphe de préciser une pensée (notamment l’épanorthose). Mais je ne suis pas sûr que c’est ce que vous recherchez.

    1. Une étourderie XD

      Plaisanterie à part. Il y a plusieurs possibilités selon où se situe les « oui,bon » :

      -anaphore= en début de phrases
      -épiphore= en fin de phrases
      -épizeuxe= si les « oui, bon » se suivent

      ça me semble les plus logiques, après c’est possible d’imaginer d’autres types de figures de style selon la phrase.

  3. Bonjour,
    Très chouette article, bravo.
    J’ai toutefois une question. Comment s’appelle une figure de style consistant à associer 1 même mot à deux sujets différents. Comme ce n’est pas clair, je vous soumets un exemple : « Le fond de mon âme et de mes poches sont vides » ?
    Merci.

    1. Passionnant article, merci ! Savez-vous si les figures de répétitions du type: quand faut y aller, faut y aller… trop c’est trop ou à la guerre comme à la guerre portent un nom précis ?

      1. Merci beaucoup !

        Donc pour moi, je dirai :

        Quand faut y aller, faut y aller ? = épizeuxe

        Trop c’est trop et à la guerre comme à la guerre = épanadiplose

        Voilà, bonne journée 🙂

  4. pff trop nul votre site; on ne peut pas faire de recherche avec control-F.
    Ecrivez des bouquin à la machine à écrire; et arrêtez le web !!!

    1. Sérieusement ? C’est quoi ce comportement faisierch ?

      J’ai passé du temps à écrire cet article, que vous pouvez lire gratuitement, et vous me faîtes ce genre de réflexion ?

      Il faut grandir un peu. Pour information, c’est le logiciel de protection contre l’aspiration de contenus qui fait ça.

  5. Bonjour à tous,
    Ancienne masterante de lettres désormais reconvertie, je cherche désespérément le nom de la figure de style suivante « Cantique des cantiques » que l’on peut retrouver aussi comme « Femme parmi les femmes ». Il me semblait qu’il s’agissait d’un hébraïsme mais je n’ai trouvé aucune définition ou article qui puisse confirmer ou infirmer mon pressentiment. Quelles sont vos pistes?

    1. Bonjour Elisa,

      Je ne sais pas si c’est la figure de style que tu recherches mais pour moi il y a une polyptote (car il y a une reprise d’un terme avec une variation de nombre : femmes pour femme, cantiques pour cantiques).

  6. Bonjour. Notre formatrice nous demande de rédiger, à partir d’une phrase qu’elle nous a donnée, une nouvelle phrase en commençant par la dernière syllabe (prise phonétiquement) de la première phrase. Tout en suivant le thème de la Motivation. D’après vous de quel style s’agit-il ?
    La première phrase est : L’Espoir fait vivre, alors l’important c’est d’y croire.
    Quelle phrase pourrais je mettre ensuite ?
    Merci d’avance

    1. heuuuuu pour être franc je ne suis pas sûr d’avoir compris désolé XD

      Peut-être : « Recommencer, encore et encore, jusqu’à ce que le rêve devienne réalité ».

      Après pour le style, là comme ça rien ne me vient, peut-être une forme d’oulipo dans le sens où ça joue avec le texte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *