Interview abonnée: Claire Huth


interview / mardi, octobre 9th, 2018

Bonjour à tous! La dernière fois, j’avais le plaisir de vous présenter le parcours de Laurie Daporta. Aujourd’hui, je reviens avec une nouvelle interview abonné. Voici le parcours de  Claire Huth.

Merci à elle d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

Sans transition, je vous laisse découvrir son entretien 😉

 

Salut Claire et bienvenue sur le blog ! Est-ce que tu pourrais nous dire deux mots pour te présenter ?

Deux mots ? Romancière quarantenaire !

Ton parcours est très marqué par le monde équestre, si tu devais mettre fin à un cliché littéraire / une erreur sur les chevaux ce serait ?

Le cheval ne fait pas exprès et ne se venge pas. Il est dans le moment présent tout le temps, il ne repense pas à la séance de la semaine dernière. S’il ne fait pas, c’est qu’il ne peut pas ou n’a pas compris. Donc, non, Pompom ne fait pas exprès de faire tomber la barre d’obstacle pour punir sa cavalière. Il est extrêmement sensible et ce n’est pas la peine de lui mettre de grandes claques sur l’encolure pour le féliciter alors qu’il sent les mouches qui se posent sur lui. Pas plus que de lui mettre un coup de cravache quand il a peur. (Il a eu peur et maintenant il a mal). J’avoue que quand il y a des clichés préjudiciables à leur intégrité physique ou morale, je m’enflamme un peu. Donc nul besoin de mettre de grands coups de talon pour le faire avancer ou de tirer sur les rênes pour l’arrêter dans les romans. J’ai appris à monter à cheval quand j’avais dix ans et je regrette encore cette instruction brutale et sans aucune écoute du cheval (ni du cavalier d’ailleurs). Je suis heureuse que cette période barbare soit révolue.

Dans tes romans, un personnage récurrent semble être le cheval. Quelle est ta façon de procéder pour faire de ce dernier un moteur de l’intrigue ?

Dans Gardienne de la forêt, il n’y a pas l’ombre d’un cheval. Mais oui, le cheval hante mes jours et mes nuits. Je vis avec puisque jusqu’ici, j’animais un petit centre équestre rural. Il partage mon quotidien depuis de longues années et sans doute dans des vies antérieures ! Pour les Crins de l’Âme, je voulais écrire une histoire de guérison dans un centre équestre et cela s’est transformé en un drame et une quête de rédemption avec un cheval exceptionnel, un peu (beaucoup) magique, mais ils le sont tous si on prend le temps de les observer. Et pour Kelpie, l’histoire vient d’un rêve que j’ai fait et qui m’a poursuivi jusqu’à ce que j’écrive la nouvelle. Dans une vie de rêve, les deux poneys de l’histoire se sont imposés sans que j’y réfléchisse. C’est vrai que cette période de ma vie a été un peu monomaniaque avec les chevaux. Tout ça pour dire que ma vie tourne autour d’eux, je les admire et je les aime. Ils sont de grands maîtres pour moi. Du coup, ils deviennent le moteur de l’intrigue des romans comme ils le sont dans ma vie. Je suis incapable de vivre sans eux. Dans mon dernier roman, ils ne seront pas présents quoique …

J’ai vu que tu avais plusieurs romans publiés chez des éditeurs. Donc déjà bravo ! Ensuite, qu’est-ce que tu pourrais conseiller à un jeune auteur qui désire se faire publier ?

Merci ! Je n’ai pas de mérite. C’est Violaine des éditions Alter Real qui m’a contactée en me demandant si je souhaitais travailler avec elle. J’ai eu de la chance et je suis ravie d’avoir signé. Les corrections apportées au premier texte des Crins de l’Âme n’ont pas changé le fond de l’histoire, mais l’ont amélioré, lui ont donné plus de corps, plus de détails qui facilitent l’immersion dans le récit. Pour les jeunes auteurs, je crois que l’autoédition peut être un vrai tremplin pour se faire connaître. Et il y a de plus en plus de services aux auteurs pour les corrections, les mises en page, les couvertures. La qualité étant primordiale pour convaincre les lecteurs et les maisons d’édition aussi d’ailleurs. Des groupes d’auteurs indépendants s’organisent pour se soutenir et être mieux représentés.

Pourrais-tu nous expliquer ta méthode pour écrire tes romans ?

J’ai une sensibilité particulière à l’invisible. Les histoires me tombent dessus, une scène initiale, un début d’intrigue, mon imagination débordante fait le reste. J’entends souvent la suite au petit matin ou dans la nuit. Ce n’est pas la méthode la plus orthodoxe pour écrire et souvent les personnages me rendent folle avec leur changement de caractère quand j’essaie de garder une certaine cohérence. Je n’ai pas de plan, pas de nombre de pages prévues, même pas les rebondissements, je découvre l’histoire au fur et à mesure. Je me laisse guider. J’adore écrire les soixante premières pages, après c’est une lutte de tous les instants pour terminer. D’ailleurs, pour Gardienne de la forêt, j’ai vécu une transcendance pour le dernier quart (l’histoire prend une dimension plus cosmique). Tout s’est accéléré et je n’ai pas su gérer. Du coup, j’ai régulièrement des retours de lecteurs/lectrices que j’ai perdus. Je suis plus attentive à mieux expliquer et Violaine de chez Alter Real me permet aussi de prendre du recul et d’avoir un avis professionnel. Ma grande force, c’est que je lis énormément (plusieurs livres par semaine), du coup je pense que la structure que doit avoir une histoire est intégrée dans mon inconscient, ce qui doit aider à construire la trame sans que je m’en rende compte.

As-tu des œuvres qui t’influencent dans l’écriture ?

Je crois que l’influence vient de l’extraordinaire, de la magie et des contes que j’ai lus assez jeune. Une de mes tantes m’en offrait un recueil à chaque anniversaire, à Noël. J’en lis toujours et je participe aussi à des séminaires de symboliques des contes avec Marie-Claire Dolghin. Je me suis aussi intéressée aux archétypes de Carl Gustav Jung que je trouve très riches. J’ai besoin de mettre du sens à ce que je vois, je vis, j’entends, j’imagine. J’ai eu une période « chamanique » et j’ai lu tout ce que j’ai trouvé sur le sujet. Les thèmes de la magie, des transes, des changements de monde me plaisent alors si on rajoute un métamorphe ou deux, je suis aux anges ! Je crois que toutes les œuvres qu’on lit (qu’elles nous plaisent ou non) imprègnent ce qu’on écrit. Je ne crois pas créer une histoire originale, juste transformer ce que j’ai intégré. Très alchimique tout ça !

J’ai vu que tu t’intéressais aux mangas. As-tu des conseils lectures pour ceux qui lisent cette interview ?

Je lis de tout. Mes enfants se moquent de moi parce que je passe de mangas shojo (cucul) à des mangas très sombres. A lire absolument : l’excellent StrayDog de la mangaka française Van Rah. Il y a aussi une mangaka chinoise qui a un dessin superbe et des histoires selon mon cœur : Little Yu de Da Xia. J’ai adoré Ghost in the Shell pour les questions qu’il pose sur notre humanité. Divine Nanami pour les yokais (démons animaux japonais). Noragami d’Adochi Toka. En fait j’aime quand les esprits, les démons ou les dieux se mêlent aux affaires humaines ou l’inverse. J’adore la low fantasy (on part de notre monde et on bascule ailleurs).

Pour finir, est-ce que tu peux nous parler de ton roman en cours ? Ou de tes livres ? Quel est le truc qui fait selon toi ta particularité littéraire ?

Je suis en route sur un thriller, quoique je ne sois pas tout à fait sûre que c’en soit un. Je me repose la question de notre humanité dans la transhumanité, de la technophilie ou au contraire technophobie et de la différence comme dans le cas de l’autisme. L’intrigue que je croyais maîtriser (comme d’habitude) m’emmène bien plus loin et j’en suis à explorer le pan des jeux en tant que phénomène civilisateur. Je ne sais pas trop ce que ça va donner à la fin, mais je n’ai pas perdu mes bêtalectrices (1 seul bêtalecteur donc je féminise !) pour l’instant. Et elles restent enthousiastes. J’aime qu’elles lisent au fur et à mesure pour que je puisse corriger les incohérences ou clarifier avant d’aller plus loin. Du coup j’ai une équipe au top (6 personnes) et je ne les remercierais jamais assez du temps et des avis qu’elles me donnent.

Ma particularité littéraire, je pense, c’est d’emmener le lecteur en voyage. Après, ce sont eux qui en parlent sans doute mieux que moi. J’ai été surprise de lire un avis de lecture où j’ai eu l’impression d’apprendre des choses sur moi. C’est l’enthousiasme de ceux qui lisent et qui commentent qui me porte et me pousse à donner la meilleure version que je puisse écrire de l’histoire que j’entends.

 

Merci Claire pour ces réponses. Vous pouvez retrouver les oeuvres de Claire sur son site auteur.

Pour ma part, je vous dis à bientôt!

 

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