Bonjour les écrivains! Je ne sais pas vous mais quand j’écris un dialogue il m’arrive régulièrement de me dire qu’il sonne aussi juste que la voix d’un chanteur de rue à la fête de la musique. J’ai donc fait des recherches pour savoir comment écrire un dialogue et je suis tombé sur plein d’astuces intéressantes.
Si le coeur vous en dit, je vous propose de les découvrir.
Ecrire un dialogue c’est avant tout une histoire de récit
Cela va en surprendre plus d’un mais pour écrire un bon dialogue il ne faut pas reproduire le parler de la vie réelle. Pourquoi? Parce que dans la vie réelle, nous parlons parfois pour ne rien dire, nous utilisons des expressions inintéressantes comme « salut! Ça va? ». Bref, nous ne parlons pas le langage de la fiction.
Dans un roman, le dialogue sert à faire avancer l’intrigue. Il doit servir soit pour l’exposition, pour lancer un problème, en résoudre un ou faire avancer le protagoniste dans l’arc dramatique.
En résumé, la première règle à comprendre pour savoir comment écrire un dialogue c’est qu’un bon dialogue, c’est un dialogue qui fait avancer le récit.
Est-ce que cela veut dire qu’on ne doit pas s’inspirer du réel? non mais il faut le faire correctement comme vous allez le voir ensuite.
Ecrire un dialogue c’est suggérer le réel
Dans la partie d’avant, je vous ai dit que le dialogue pouvait servir pour l’exposition. Cette remarque n’était pas tout à fait innocente. En effet, la deuxième chose à comprendre pour écrire un dialogue c’est que la façon de parler de vos personnages en dit beaucoup sur leurs passés, leurs extractions sociales et leurs façons de penser.
Par exemple, un personnage avec un accent prononcé pourra faire penser soit à une personne pauvre et pas très cultivée, soit à un mystérieux étranger avec une appétence pour les langues (probablement Marc Darcy).
Le dialogue peut aussi révéler l’état émotionnel d’un personnage. Selon le scénariste Robert McKee, plus la tirade est longue avec un langage soigné plus le personnage est rationnel. A l’inverse, quand un personnage quitte le domaine de la rationalité et qu’il est troublé émotionnellement, il aura tendance à utiliser des mots plus courts avec des constructions de phrases plus simples.
Mon conseil pour créer une bonne exposition avec les dialogues c’est regardez autour de vous (dans la vie, dans les livres, dans les films etc…) et notez les petits détails qui vont vous influencer sur la perception d’une personne ou d’un personnage.
Par exemple: si une personne s’exclame dans un bar « Mec! Elles étaient deux! C’était chaud! », on visualise rapidement un personnage plutôt jeune, coureur de jupons, au caractère vantard voire mythomane et pas très gentleman (mais probablement au physique avantageux).
En bref, inspirez vous de la vie réel pour écrire un dialogue mais uniquement dans l’optique de développer un récit. Gardez bien ça en tête parce qu’on va maintenant aborder les trois niveaux du dialogue.
Ecrire un dialogue à trois niveaux
Selon le scénariste Robert McKee, l’écriture d’un dialogue recèle trois niveaux: ce qui est dit, le non-dit, et l’inconscient.
Concrètement, cela veut dire que le personnage qui parle possède une stratégie. Il veut arriver à atteindre un but. Pour cela, il dit quelque chose (ce qui est dit). En son for intérieur, il pense autre chose (le non-dit= sa stratégie consciente). Inconsciemment, son langage pourra aussi révéler un besoin inconscient (besoin de sécurité, d’amour, etc).
Par exemple, un dialogue aussi anodin que « passe moi le sel » peut révéler beaucoup de choses si vous le contextualisez. Au premier niveau, on peut comprendre que le personnage demande du sel parce qu’il aime manger salé. Au deuxième niveau, cela peut sous-entendre un reproche (« tu cuisines mal ») ou une volonté de domination (emploi de l’impératif). Enfin, inconsciemment, cela peut traduire le besoin de divorcer du protagoniste.
En résumé, pour écrire un dialogue il faut éviter de dire frontalement les choses. Au contraire, il faut suggérer au lecteur des informations dans le sous-texte (le non-dit). Plus un personnage utilisera le non-dit, plus il sera stratège. Plus il s’exprimera au premier niveau, plus il sera dans l’émotionnel (Ce n’est pas McKee qu’il le dit, c’est la conclusion que j’en tire en réfléchissant aux personnages du manga HunterxHunter).
Voilà, cet article s’achève ici. S’il vous a plu n’hésitez pas à le partager, à commenter ou à cliquer sur j’aime. Cela fait toujours très plaisir.
A bientôt!
Moi, j’essaie de ne pas trop réfléchir quand j’écris des dialogues. C’est peut-être une erreur, mais j’essaie de reproduire le plus fidèlement ce que j’imagine dans ma tête quand j’écris. Parfois c’est vrai que ça sonne faux (tel un chanteur à la fête de la musique, cette allégorie trouve tout son sens en cette période trouble de juin, j’ai failli foutre le feu à ma ville pour qu’ils ferment tous leurs gueules avec leur rap pour enfant et leurs murs du son) Mais je trouve mes dialogues assez réalistes en général.
L’équilibre à trouver entre le non-dit et le dit est un exercice fascinant, c’est sans doute ce que je préfère. Voir les personnages galérer, se demander s’ils devraient tout dire, ce qu’ils devraient dire pour arriver à leurs fins, ne même pas savoir eux-mêmes s’ils ont envie d’arriver à leurs fins, etc.
Mon souci, c’est que tous mes personnages s’adressent à eux avec un amour vache un peu dissonant. C’est comme ça que je parle aux gens autour de moi (je les insulte pour leur montrer que je les aime) et je trouve que ça se retrouve un peu trop dans mon écriture. Mais ton article devrait m’aider à m’améliorer!!!
si c’est le cas, c’est qu’il aura été utile ^^
C’est très méchant pour les chanteurs de rue de la fête de la musique mais c’est pardonné. Merci pour tes conseils avisés o/.
Je t’en prie 😉
ps: nos pauvres chanteurs ont été sacrifiés pour une plus grande cause: l’humour pédagogique 😉
Certains points m’étaient totalement inconnus, merci pour cette mise à niveau 🙂
Pour ma part, je fais un truc en plus pour savoir si mes dialogues ne sont pas pompeux, lourds, etc.
Je les lis à voix haute.
On prend des accents à la con, on a l’air un peu con… mais d’abord j’attends d’être seul pour le faire ^_^ … ensuite ça me permet d’entendre immédiatement si les personnages sonnent faux ou pas… mais on a l’air un peu con… je l’ai déjà dit non ?
excellente méthode! Beaucoup de professionnels du cinéma l’utilisent. Par contre, c’est sûr que les voisins doivent se demander qui est cet individu qui parle tout seul 😉
Désolé pour ce hors sujet, mais je craque il faut que je te demande : Il y a un message ou un clin d’oeil derrière ton pseudo admin7337 ?
Non, je croyais que je répondais sous le nom de « Martin ». Je viens de modifier ça, normalement tu devrais voir Martin désormais 🙂
Très intéressant comme article! Pour le coup j’ai appris des choses! Merci à toi!
Je t’en prie Melianor! Content que ça ait pu te servir 🙂