comment créer un méchant inoubliable? Le secret des bons antagonistes


écriture / mercredi, juillet 25th, 2018

Imaginez un instant que vous perciez le secret pour créer un méchant inoubliable. Imaginez la tête de vos lecteurs quand ils tomberont sur votre chef d’oeuvre.

Le bouche à oreille. Les ventes décollent. La fierté de vos proches…

Et si écrire un bon méchant était la clé de votre futur empire littéraire?

Patience. Vous êtes à quelques pas d’écrire un antagoniste qui restera dans les mémoires.

La première étape de votre chemin consiste à savoir ce qu’est un méchant:

  • le mot « méchant » renvoie » aux êtres maléfiques, à ceux qui aiment faire le mal.
  • en dramaturgie, on préfère plutôt le terme « antagoniste » qui est moins manichéen.
  • Le mot antagoniste désigne l’opposant du héros. La grande différence avec le méchant, c’est qu’il n’est pas nécessairement maléfique.

Vous l’aurez peut être deviné mais ce qui nous intéresse c’est l’antagoniste. Et oui on est plus dans les années 50! Le méchant qui est méchant parce qu’il est maléfique ça n’intéresse même plus dans les maisons de retraite!

Pour éviter les répétitions, j’utiliserai le terme « méchant » comme synonyme d’antagoniste. Cependant, n’oubliez jamais que quand j’écris « méchant », je veux dire « opposant du héros ».

Si vous avez compris, ramassez vos dentiers et faites chauffer les déambulateurs! Le Poudlard Express pour le monde des méchants va entrer en gare!

Le visage caché de l’antagoniste

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Photo de Tom Roberts sur Unsplash

N’avais jamais vous eu ce sentiment que le méchant était parfois le personnage le plus intéressant d’une histoire?

Si oui, alors vous avez commencé à toucher du doigt comment créer un méchant formidable.

L’antagoniste est plus qu’un simple personnage. Il représente la faille du héros.

Concrètement, écrire un bon méchant, c’est:

  • définir un thème pour votre histoire
  • diviser votre thème en deux avec: ► la vision du héros ► la vision du méchant

Si l’antagoniste est intéressant, c’est parce qu’il symbolise le combat interne du héros.

Au long de votre histoire, votre héros va hésiter entre deux chemins: le sien ou celui de votre antagoniste.

En général, le chemin du méchant est la voie que vous, en tant qu’auteur, vous estimez la plus mauvaise. A l’inverse, le chemin choisi par le protagoniste est la thèse que vous défendez.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les antagonistes font de très bons mentors!

Ils guident le protagoniste selon leur vision, les conduisant généralement vers un mauvais chemin (ex: Palpatine, Jaha, la hache Snaga etc.).

Vous comprenez le secret derrière les plus grands méchants maintenant?

Il s’agit du débat d’idées.

Un bon méchant, c’est avant tout la confrontation entre deux thèses opposées: celle du héros et celle du méchant.

Par exemple: si vous voulez parler du pacifisme, faites en sorte que votre héros devienne pacifiste et se confronte à un méchant voulant apporter la paix…par la guerre.

Le méchant représentant une thèse, il est alors logique de se demander si l’antagoniste évolue au cours de l’histoire à l’instar du héros.

Et si vous preniez les paris pour savoir ce qu’il en est?

Doit-on créer un méchant en évolution?

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Photo de Scott Rodgerson sur Unsplash

Je vous préviens vous allez être surpris.

La réponse est négative. Dans la plupart des histoires le méchant est allé au bout de son chemin transformationnel au début de l’histoire. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est plus fort que le héros. Ses convictions sont faites, il n’hésite plus.

Toutefois, il peut lui arriver de vaciller lors de la confrontation finale avec le héros. Contaminé par la détermination nouvelle du protagoniste, le méchant peut être amené à douter, à percevoir qu’il a fait le mauvais choix.

Cette prise de conscience va l’affaiblir et là…

Coup de déambulateur dans les tibias, double mawashi geri dans les testicules et fini le génie du mal!

Par contre, certains méchants hésitent beaucoup. C’est d’ailleurs souvent le cas des méchants des séries qui deviennent tour à tour protagoniste et antagoniste (Jaha et Kane dans the 100, Jaime dans Game of Thrones etc).

Pour savoir si vous devez faire évoluer votre personnage, regardez votre histoire et demandez-vous si ça apporte quelque chose dans le traitement de votre thème?

Quoique vous fassiez assurez-vous de ne pas écrire un cliché!

Comment éviter le méchant cliché?

C’est la question à un million de dollars!

La réponse ne vous surprendra pas. Il faut lire beaucoup et regarder beaucoup de films.

Ensuite, quand vous écrivez un livre, essayez de lister des romans qui sont dans la même thématique que la votre, analysez leurs méchants et à partir de cette base tentez de proposer quelque chose d’originale en vous posant ces 3 questions:

  • Quel angle d’attaque a été peu ou pas traité?
  • Si je mélange tel méchant avec tel autre, cela pourrait-il être intéressant?
  • Qu’est-ce que je peux proposer de nouveau?

En bref, exploitez les archétypes comme base de travail et fabriquez un méchant qui restera dans les annales.

Créer un méchant qui vous survivra

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Photo de Ian Espinosa sur Unsplash

Dracula, Voldemort, Dorian Gray, le Joker, Dark Vador, Thanos…. qu’est-ce qui a fait de ces méchants des icônes de la fiction?

Leur humanité.

Un méchant n’est pas méchant pour rien. Il a un objectif, des raisons.

Plus ses raisons porteront sur des débats difficiles à trancher, plus cela amènera le lecteur à s’y intéresser.Il se bouffera littéralement les phalanges pour connaître l’issue de votre histoire.

Prenons l’exemple du méchant Thanos du film Avengers: Infinity War. Pourquoi s’agit-il d’un adversaire si captivant?

Parce que son but est noble. Il veut préserver les ressources naturelles et rétablir l’équilibre dans l’univers. Le seul hic, c’est que sa solution nécessite de zigouiller la moitié de votre maisonnée.

De fait, les motivations de Thanos pose une question au spectateur. Vaut-il mieux sacrifier une partie de la population pour sauver la population entière?

Cette simple question témoigne de l’implication dans le récit du spectateur et c’est ce que nous recherchons en tant qu’écrivain. Que le lecteur se sente concerné par l’histoire.

A ce titre, les méchants les plus intéressants sont souvent ceux qui cherchent à protéger ou à fuir quelque chose parce que cela les rends plus humains. Cela montre qu’ils ont des faiblesses, des choses à protéger.

Pour cela, ils choisissent consciemment une voie qui les mèneront en opposition avec le héros. Si ce choix leur semble conscient, nous allons voir qu’il est souvent influencé par l’inconscient.

Ecrire un bon méchant grâce à l’inconscient

Pour créer un méchant mémorable, il faut comprendre que sa psychologie se joue à trois niveaux:

  • le conscient: ses objectifs/ ses motivations
  • l’inconscient: ses motivations et ses manières d’agir sont influencées par son milieu, sa culture, ses traumatismes et son expérience de vie
  • le nié/le refoulé: le méchant pourra être conscient de ses défauts mais ne les assumera pas. Dans ce cas, il se persuadera que son défaut est une qualité (ex: s’il est avare, il se trouvera économe. S’il est cruel, il estimera être un justicier etc)

Pour écrire un méchant inoubliable il faut travailler sur ces trois niveaux. Dans l’idéal, essayez de faire entrer en conflit plusieurs de ces catégories. Cela créera du conflit et le conflit, c’est la came des écrivains!

Souvenez-vous en!

Sans transition, nous allons voir quelque chose d’hyper important dans la partie suivante.

Le méchant est-il traumatisé par son passé?

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Photo de Leonardo Yip sur Unsplash

Le passé est un super outil pour créer un méchant qui déchire!

Rien de tel qu’une bonne histoire bien traumatisante pour donner de la profondeur à un antagoniste et permettre de justifier son comportement.

Pour autant, est-ce que cela veut dire que pour créer un bon méchant il faut qu’il soit traumatisé par son passé?

Non. Le passé de l’antagoniste peut être très heureux, sa vie présente aussi, …et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il sera prêt à tout pour la protéger.

Toutefois, gardez en tête que glisser quelques problèmes dans le passé du méchant peut vous aider à expliquer le basculement vers « le mal » de l’antagoniste. Sans être aussi manichéen, cela permet de comprendre le point de vue du méchant.

Ce point de vue qu’il défendra avec une motivation explosive!

Une motivation en béton armé

Créer un méchant badass, c’est avant tout écrire un méchant qui en veut!

Pour bien piger le truc, visualisez un pitbull qui entre dans un McDo. Vous voyez la scène? Maintenant, imaginez le pauvre type qui va essayer de se mettre en travers de son Big Mac…

Et bien le méchant, c’est pareil!

Il sera prêt à tout pour accomplir ses desseins, y compris des sacrifices.

Ce dernier élément est d’ailleurs un outil puissant de caractérisation. Cela permet de montrer que votre méchant n’agit pas de façon maléfique de gaîté de coeur. Il le fait parce qu’il ne voit pas d’autres solutions.

Pour reprendre l’exemple de Thanos, à un moment donné de l’histoire, il va sacrifier un de ses proches et lui demander « pardon ». A votre avis qu’est-ce-que cela fait de voir un méchant pleurer un être cher?

Plutôt troublant, non?

Le sacrifice rappelle l’antagoniste à son humanité. Il ne vient pas de nulle part. Il a une famille, des amis, etc. C’est ce rapport que nous allons maintenant étudier.

Le méchant, cet animal social

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Photo de Tom Pottiger sur Unsplash

Dans la partie précédente, on a vu que le sacrifice d’un proche pouvait augmenter l’attachement du lecteur au méchant, ce qui m’amène à une remarque très importante.

Le méchant a plusieurs casquettes.

Il se comportera différemment en fonction des personnes. Et oui! Dans la vrai vie, nous faisons pareil. Nous ne nous adressons pas pareil à nos enfants qu’à notre patron ou à nos employés.

Le méchant est un humain comme les autres. Il fait ses courses, le ménage, il a des problèmes familiaux et il peut même lui arriver de siffler un verre de trop.

Un grand classique est de créer du contraste entre ces différentes casquettes. Par exemple, si votre antagoniste est quelqu’un d’autoritaire dans sa vie extérieur, en famille il se montre un père attentionné qui ne peut rien refuser à sa fille.

Conclusion

Je pense que vous devez être un peu perdu après toutes ces infos. Comme l’article est assez dense, je vous ai fait un petit récap’ de ce qu’il faut pour créer un méchant intéressant:

  1. un thème
  2. évoluer votre méchant uniquement si votre thème le justifie (en principe, il n’évolue pas ou juste à la fin )
  3. faire des recherches
  4. créer un méchant avec des objectifs
  5. jouer sur l’inconscient
  6. exploiter le passé du personnage
  7. le méchant doit être motivé (s’il n’est pas actif, on se fait chier)
  8. il doit avoir plusieurs visages

Notez qu’on pourrait trouver encore plein d’éléments qui pourraient influer sur la création d’un méchant. Mais l’article ferait 1km donc je préfère m’arrêter là!

D’ailleurs, j’insiste sur le fait qu’il existe PLEIN de méthodes pour créer un bon méchant. Elles sont généralement toutes valables.

Une des plus efficaces étant de comprendre comment fonctionne un arc narratif.

Les grands méchants de série ou de bestsellers ont souvent un arc narratif fort.

Si vous ne savez pas ce que c’est, sachez que j’ai créé une formation de plus de 6h qui aborde les bases de la narratologie et notamment ce qu’est un arc dramatique, qu’elle doit être la relation antagoniste/protagoniste ainsi que la structure des récits.

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A bientôt !

Image mise en avant: Photo de Raj Eiamworakul sur  Unsplash

41 réponses à « comment créer un méchant inoubliable? Le secret des bons antagonistes »

  1. Merci pour cet article, il est effectivement assez dense mais plein d’idées intéressantes et je vais le mettre de côté pour le relire à tête reposée.
    Une question : que penses-tu des antagonistes qui ne sont pas des personnages, mais par exemple des phénomènes naturels ? (ex : le héros doit survivre à une canicule, ou à une traversée du pôle Nord sans pull, ou autre). Comment rendre intéressante la relation du héros à l’antagoniste dans ces cas-là ?

    1. Très bonne question Astrid! Alors pour moi, tu as deux solutions (+1 spéciale):
      -soit tu humanises le phénomène (tu lui donnes un but, etc)
      -soit ton vrai antagoniste sera en fait un individu ou un groupe d’individus et pas la tempête (ce que fait walking dead, alien, etc)
      -après, il y a une solution qui rejoint plus ou moins la deuxième, tu tentes une sorte de métaphore sur la nature humaine (mais souvent ça va revenir à présenter plusieurs individus qui sont des déclinaisons du problème à résoudre)

      Bref, pour moi, un phénomène naturel fait un très mauvais antagoniste sauf si tu te débrouilles pour développer un autre antagoniste (le vrai).

        1. Je t’en prie! Après si tu trouves une autre solution, je suis curieux de la lire…parce que c’est pas facile les antagonistes catastrophes naturels :s

          1. Je ne l’ai pas lu, il faudrait que j’y jette un coup d’oeil. Je serai ravi de découvrir une nouvelle méthode de création d’antagonistes naturels 🙂

          2. Coucou,

            Si cela te semble si compliqué, cela veut peut-être dire que considérer la catastrophe comme antagoniste est une erreur. La catastrophe peut être menaçante, mais puisqu’elle est insaisissable pour ton personnage, il est nécessaire de lui donner quelque chose de tangible à affronter comme quelqu’un qui serait « pour » cette catastrophe : ainsi, le personnage peut déverser sa frustration sur cette personne là. C’est le cas de presque la totalité des films ou histoires avec des catastrophes naturelles, le héros se retrouve presque toujours confrontés à un groupe d’individus qui lui est opposé dans son approche de la catastrophe. Elle devient alors plutôt un contexte.

            C’est comme lors d’une invasion extraterrestre : on croit que le film parle des aliens, alors qu’en fait il parle des humains et leur manière de réagir à « ce qui vient de l’extérieur », comme on croit que la catastrophe est l’ennemie alors qu’en fait l’ennemi c’est mon voisin qui va réagir à celle-ci.

            Si vraiment tu ne veux pas placer d’antagoniste qui agissent presque comme des alliés de la catastrophe naturelle, alors tu vas être obligé quoiqu’il arrive de donner un caractère humain à cette catastrophe comme il a déjà été dit ^^ Par exemple en montrant que la catastrophe naturelle arrive à déjouer les plans des héros en trouvant une faille, comme si elle réfléchissait, en usant de stratagème, en surprenant tout le monde par son machiavélisme etc. 🙂

  2. Bon article, et point N°1 capital.
    Autre piste utile à garder en tête : la plupart des méchants mémorables ont un lien très fort et particulier avec le héros. Si l’on compare des histoires où le méchant fonctionne et celles où il semble terne, la différence se situe souvent là. Plus l’antagoniste est lié au héros de façon émotionnelle, mieux ils se connaissent, et plus ça marche. Les possibilités sont nombreuses : liés par un passé commun, liens familiaux, anciens amis ou rivaux, anciens coéquipiers / mentors / élèves, membre d’une même caste ou d’un même groupe, etc. Si héros et adversaire n’ont jamais entendu parler l’un de l’autre avant le début de l’histoire, il est plus difficile de faire en sorte que leur conflit importe.
    M’enfin, ce n’est que mon avis…
    🙂

    1. Oui tu as complètement raison! C’est quelque chose qui revient souvent dans la relation méchant-gentil. Même si à mon avis, le simple fait d’avoir le même objectif en contradiction suffit.

      Toutefois, tu as raison c’est un procédé qui peut améliorer l’attachement du lecteur aux personnages. Merci ton commentaire très intéressant 🙂

  3. Il ne faut pas confondre « décor » et « personnages ». Les phénomènes naturels sont des obstacles à vaincre ou auxquels résister, mais ils ne sont pas des antagonistes. Oui, je sais, cela y ressemble dans plusieurs histoires car ils semblent être l’obstacle principal (cas des films catastrophe, par exemple, ou de La horde du Contrevent que tu as cité), mais ce n’est pas le cas. Dans chacune de ces histoires il y a d’autres adversaires, qui eux sont bel et bien des personnes.
    Tu peux avoir des antagonistes qui ne sont pas des personnes, mais un antagoniste doit avoir une caractéristique principale : il doit avoir un objectif et une volonté (donc une conscience). Chez Tolkien, L’anneau unique est un antagoniste (il a un objectif et dispose de moyens d’agir). Une tempête naturelle n’en a pas. Un phénomène surnaturel (comme la brume dans la série de romans de Brandon Sanderson) peut en faire office.
    Après, ce qui est vrai, c’est que toutes les histoires n’ont pas besoin d’un antagoniste. Tu peux très bien écrire une histoire où les personnages affrontent des périls et obstacles naturels, sans « méchants » à vaincre. Mais alors les phénomènes naturels doivent être conçus comme des obstacles, et non des antagonistes (pour leur conception, du coup, ce n’est pas la même chose).

    1. Très bonne remarque. J’aurais aussi tendance à voir les catastrophes naturels comme des « obstacles » et non un antagoniste. Toutefois, si je ne me trompe pas Snyder dans Save The Cat aurait tendance à considérer que l’antagoniste catastrophe naturel est possible. L’idée étant qu’en l’absence d’antagoniste clair, la catastrophe devient un catalyseur et un opposant du changement interne du héros (bon après je fais de l’interprétation, c’est pas exactement marqué cela dans le livre ;))

      Mais je me dis pourquoi pas essayer de faire quelque chose et créer un vrai antagoniste naturel.

      ps: merci pour la référence à Sanderson, j’adore ses bouquins!

  4. Seconde fois que je relis ton article,tant de choses à explorer, merci pour toutes ces pistes !
    Bon dommage que je ne connaisse ni The 100 ni Games of Throne parce que ton histoire de méchant qui hésite m’intéressait… du coup tu aurais un autre exemple de méchant qui devient protagoniste/antagoniste ?
    Sinon dans ton paragraphe sur l’animal social, ça m’a tout de suite fait pensé au Gouverneur avec sa fille dans le comics The Walking Dead (pas vu la série donc je ne sais pas s’ils ont gardé certains détails)

    1. Merci! Content que tu trouves l’article si utile, j’en suis honoré 🙂

      Comme autre exemple, je vois:
      -Mary Sibley dans la série Salem dont le coeur balance entre sa mission et son amour
      -Rumplestilkins dans once upon a time, qui devient régulièrement co-protagoniste et antagoniste (+ c’est un archétype de changeforme)
      -et c’est tout ce qui me vient à l’esprit pour le moment mais il y en a tellement…

  5. j’ai l’impression que c’est plus pour la fantasy, d’accord pour méchant à double visage mais mes méchants préférés sont des psychopathes tueurs dans thrillers et polars qui sont fascinants pour moi et ils sont intelligents quand ils ont un double visage et ne paraissent pas méchants

  6. – Cole Turner dans Charmed qui n’arrête pas de balancer de l’un à l’autre lui aussi.
    – Sasuke Uchiwah dans Naruto, pareillement
    – Anakin Skywalker dans Star Wars, même si le balancement est moins régulier et qu’on pourrait considéré ça comme de simple revirements.
    – Et en encore plus caricatural, Dr Jekyll et Mr Hyde.

  7. Bonjour !

    j’aime beaucoup vos articles, puits sans fond d’informations qui mettent mon ravioli en ébullition ! J’écris par plaisir, non pour éditer… Disons que c’est mon verre de Scotch, mon heure de footing, mon rail de coke… avec pour seul effet secondaire, une solide insomniac-attitude ! Je rencontre ici un soucis avec le « méchant ». Comment faire quand le héros ne sait pas qu’il en est un ? Quand la relation entre lui et le mal en question n’est révélée que tard ? Il n’existe alors plus de dimension sociale entre les deux et j’éprouve quelques difficultés à développer mon personnage sans divulguer d’informations capitales… Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir… Quand le héros et l’antagoniste ne se rencontrent que tardivement, quand seul le lecteur connait ce lien qui les unit (ou tout du moins quand il pense le connaitre) mais que notre héros, lui, baigne dans une totale ignorance… Comment développer son méchant ?

    Merci pour vos articles !

    1. Bonjour, content que les articles vous plaisent Sam.

      Alors concernant votre question, ce que vous évoquez (si j’ai bien compris) s’appelle l’ironie dramatique. Je compte aborder ce procédé en détail dans un nouveau format qui devrait sortir fin juin-début juillet.

      Aborder le sujet dans un commentaire ne serait pas suffisant malheureusement :s

  8. Ce que tu cite dans cet article est très intéressant mais comment sa se passe dans une histoire ou tu a deux méchant un qui l’est au début et qui devient l’Allier du héros et un qui au contraire collabore avec lui et le trahit à la fin ???

    1. Bonjour Sandrine,

      ça dépend si ton objectif est de créer de la tension ou de surprendre ton lecteur.

      En général, si c’est de la tension que tu veux, tu vas confronter ton méchant à des éléments qui vont le pousser soit à se rapprocher du héros soit à s’en éloigner.
      Si c’est la surprise que tu recherches, tu vas devoir justifier la trahison après la trahison, en expliquant ce qui a poussé ton méchant à trahir (ex: les Frey et les Bolton dans Game of thrones).

      Si tu veux de la tension, tu peux t’inspirer de la série Viking et de la relation entre Ragnar et son frère. Les auteurs jouent sur la jalousie d’un des frères pour donner l’impression d’une trahison. Idem dans les dernières saison de peaky blinders avec Arthur et Tommy.

  9. Bonjour
    Tout d’abord merci pour cet article éclairant !
    Ensuite: comment faire lorsque l’antagoniste est (censé être) mort, mais qu’il « ressuscite » peu avant la fin ? Je ne sais pas comment lui donner de la profondeur sinon par les recits qui seront fait de lui, mais qui ne seront donc pas assez personnel. Ou alors dois-je le laisser au rang d’éternel menace ?

    1. Bonjour Jacques !

      Je te conseille de jeter un oeil aux livres ou à la série la Roue du temps, ou il y a plus ou moins ce que tu veux faire avec le personnage du ténébreux.

      En gros, la technique c’est :

      -au départ, il est dépeint comme un méchant
      -le protagoniste va rencontrer ses sbires qui sont méchants (pour appuyer cette pensée que le méchant est LE méchant)
      -mais à un moment donné il va rencontrer un allié du méchant, qui est plus complexe, et qui va essayer soit de le gagner à sa cause soit de lui expliquer les vraies motivations du méchant (sauver le monde de façon un peu tordue par exemple)
      -le héros va assister ensuite à événements qui vont dans le sens de la théorie du méchant (injustice, inégalités, etc.) et il va se poser des questions
      -il va aussi assister à des événements positifs qui vont dans le sens de la voie qu’il doit suivre (sa voie pas celle du méchant)
      -si tu fais ça, cela va créé un doute chez le lecteur et ton personnage principal
      -Arrivé à la confrontation avec ton méchant, tu n’as qu’à écrire une scène ou il tente de gagner le héros à sa cause ou il s’excuse de devoir le tuer et paf tu auras un héros plus intéressant.
      -tu montres ensuite les conséquences du choix du héros (est-ce que le méchant avait raison ? Avait tort ? Un peu raison quand même)

      Bien entendu, ça n’est pas la seule possibilité. L’idée est d’apporter un peu de contradictoire par des sources externes (légendes, personnages, journaux, etc.) à cette image de méchant archétypal.

  10. Je m’interroge en vous lisant et notamment les commentaires.
    Déjà dans le cas d’un antagoniste de type naturel comme un désert ou une catastrophe (ma référence là-dessus restera toujours le livre 3 du Seigneur des Anneaux où Frodon lutte contre la faim, le froid, la fatigue, la douleur, la détresse, l’absurdité à s’entêter face à un combat perdu d’avance et à son envie de renoncer, en gros contre lui même, Sauron n’est quasiment pas abordé de son point de vue, Sam et Gollum incarnent une version de chacune de ses deux faces qui permet à l’auteur de mettre des mots sur ce conflit qui, en réalité reste essentiellement intime), je pense qu’il faudrait aussi revoir 127 Heures où chaque petite chose de la vie devient tour à tour un enjeu majeur de survie et une simple bouteille qui roulle 3 cm trop loin devient à elle seule une des incarnations de l’antagoniste principal qui semble être quelque chose comme Le Destin. Sera-t-il clément en fin de compte ou pas ? a mon avis c’est là la questions sous-jacente s’appuyant sur l’avertissement préambule : Ceci est une histoire vraie qui donne au spectateur le sentiment d’apprendre réellement quelque chose d’utile sur l’univers au fond.

    1. Je te fais une réponse pour tout : c’est très pertinent et intéressant. Merci d’avoir pris le temps d’écrire tous ses pavés.

      Ps : dans Moon Knight, il semble y avoir quelque chose d’assez intéressant, c’est le rôle de Konchu ? Est-il un mentor ? Un allié ? Un méchant ?

  11. Et j’ai été étonné mais intéressé à retrouver Jekyll & Hyde dans la liste des méchants « légendaires » mais effectivement ramener le conflit manifeste entre deux opposants à un conflit strictement intime est illustré jusqu’au point d’incandescence par ce récit/personnage auquel se rapportent effectivement tous ceux qui ont des dédoublements de personnalité gentil/méchant comme Gollum magnifiquement mis en images par Jackson et Serkis ou plus récemment dans la série Moon Knight. Mais un balancement encore net mais plus subtil peut se voir dans certains films ou scénarios, dans le polar notamment, je pense à Nightmare Alley de Del Toro récemment mais aussi à une autre technique qui consiste à multiplier le protagoniste pour explorer plus franchement différentes façons de combattre l’antagoniste qui peut aussi parfois être un système plus qu’un simple personnage : Là je pense à L.A. Confidential

  12. Dernière petite pensée sur ce sujet : Dans Whiplash le sujet semble être une confrontation entre le maître cruel et l’élève mais une observation plus attentive vous démontrera que l’élève accepte la cruauté de son maître comme point d’appui personnel pour parvenir à un dépassement de soi qu’il n’aurait su atteindre sans condenser cette colère et cette frustration.
    Le vrai sujet n’est pas : Peut-il triompher de ce monstre ? mais bien : Mais enfin pourquoi ne part-il pas maintenant ? En réalité le héros est quasiment son propre tourmenteur masochiste même s’il accepte le postulat énoncé clairement par son maître au début du film car son objectif n’est pas de vaincre le méchant mais bien de parvenir à un niveau d’excellence technique qui constitue le véritable enjeu et qu’il ne saurait atteindre sans ce truchement. L’antagoniste semble maléfique au point d’être comparable à Dark Vador mais le véritable antagoniste c’est bien le héros qui se confronte à lui même en acceptant de souffrir et de tout sacrifier y compris sa vie sentimentale et sa sécurité physique. La technique utilisée ici est vraiment intéressante je pense.
    Il existe aussi la technique du couple maléfique comme dans Assurance Sur la Mort mais bon je vais arrêter là.

    1. Tu peux continuer, c’est très intéressant, ça fait plaisir à lire.

      Pour ce qui est de ton analyse, ça correspond à la quête interne du héros. Il doit comprendre qu’il est dans une dynamique folie. Ce qui est intéressant ici, à mon sens, c’est que cette folie ne mène pas à la destruction. Ce qui est généralement le cas dans les oeuvres de ce genre (si ma mémoire ne me joue pas des tours, car je n’ai pas vu le film depuis un moment).

      Idem, effectivement, est-ce que l’antagoniste est le héros lui-même ou le maître ?

      Je penche plutôt pour le héros… car le maître ne s’oppose pas vraiment à lui il cherche à le pousser à évoluer.

  13. Ce qui me conduit d’abord à True Detective saison 1 où, au delà du serial-killer et d’un antagonisme finalement systémique plutôt que personnel, le personnage central est aussi en conflit contre lui même (représenté par le conflit entre son équipier pourtant fusionnel) bien que ses enjeux soient moins évidents à définir, à Prisonners également où le personnage central assurément héroïque est amené à prendre en compte les aspects fascistes / toxiques / destructeurs et finalement maléfiques qu’une conduite héroïque dirigée à l’aveugle peut induire et finalement Le Silence des Agneaux ou Clarisse comme Hannibal sont d’abord en conflit contre le système non seulement social mais aussi instinctif et ce qui régit cet ensemble qu’ils combattent différemment sans être fondamentalement opposés dans l’appréciation qu’ils en ont.

    1. Je ne peux pas te répondre sur True Detective 1 car je n’ai pas vu la série en entier. Par contre, pour ce qui est du silence des agneaux, Hannibal n’est pas un antagoniste, il s’agit plus d’un mentor : l’antagoniste c’est Buffalo Bill.

      Même si on sait tous aux fonds que le vrai boss des méchants, c’est Hannibal lecter.

  14. La créature dans Alien aussi, méchant iconique, incarnation méta des instincts sexuels prédateurs qu’affronte Ripley incarnant elle l’amour et l’abnégation. On sent bien qu’au delà du monstre, les dissentions sociales qu’implique son existence constituent le fond du récit et ce qu’il interroge. Qui sera capable de se sacrifier de la façon la plus violente et la plus douloureuse pour le salut des autres humains ? Chaque épreuve testant les limites de l’abnégation et du courage dont chacun se croit capable.

    1. Super analyse !

      Oui la symbolique de la prédation sexuelle et du viol sont très présentes dans Alien et participe au caractère iconique du monstre.

      Merci pour ton retour 🙂

  15. De rien Martin, si j’ai du mal à ne pas taper des pavés c’est précisément parce que le sujet me passionne. 🙂 Pour Whiplash J.K. Simmons est quand même clairement présenté comme l’antagoniste et la première lecture semble dire qu’il abuse de sa position dominante pour se comporter en sadique destructeur compulsif. Cela va à un point ou le protagoniste lui même devenu quasi fou entre la discipline qu’il s’inflige et l’anéantissement de tout le reste de sa vie (Chazelle s’est inspiré de sa propre expérience d’étudiant en Jazz pour écrire le script) culmine en un accident de voiture qui n’empêche pas le héros blessé de se rendre en répétition sans même s’arrêter à une pharmacie ce qui conduira à une confrontation physique entre les deux. Néanmoins une seconde lecture est possible qui permet d’acter un engagement du protagoniste à aller « aussi loin que possible » dans ce training (revoir le film Shine pour comparaison) teinté d’un homo-érotisme assez évident mais non magnifié à l’écran.

    Alien est intégralement construit autour du sexe et de ses représentations d’où par exemple le choix de Giger pour le design du monstre (qui avant ça peignait surtout des pénis extra-terrestres), d’où le système de reproduction extraordinairement complexe de la créature qui débute par un viol buccal par le face-hugger (câlineur de visage), un accouchement léthal du sujet contaminé avec explosion sanglante du ventre, la ponte des oeufs etc. La thématique est déclinée dans tous les sens au long des films en parallèle de la sexualité de Ripley qui la ramène plutôt à son aspect familial (surtout à la fin du 2 mais sans assujettissement puisqu’elle choisit librement ses amants notamment dans la prison masculine du 3 où le sujet est tourné à l’obsessionnel par des abstinents devenus prêtres mais encore disposés au viol), d’où la scène d’auto avortement dans Prometheus, le thème de la reine ou du rejeton alien de Ripley, la fertilisation sournoise de l’équipage par David, la femme-soldat équipée d’une arme à feu tellement énorme qu’il est difficile de ne pas en avoir une lecture freudienne et mille autres exemples.

  16. Et puis il y a le cas Vertigo et même je dirais la plupart des films Hitchcockiens qui ont été imaginés à partir des théories de Freud, de Lacan, de Jung et autres. Vertigo comme Psychose semble d’abord être un mystère policier doublé d’une manipulation perverse puis on réalise le rôle central de l’obsession à travers les figures récurrentes de spirales et de chutes. L’antagoniste n’en est pas un bien qu’il soit un tueur, il n’est que texture. Vertigo nous raconte d’abord l’histoire d’un homme qui a peur des femmes, peur de tomber, en elles (dans leur tombe très concrètement) et ne peut se sauver de se vertige qu’en lui sacrifiant (ou en lui voyant sacrifiée) une femme comme une offrande sacrificielle au Kraken des mythes grecs. L’antagoniste réel est bien ce vertige, ce désir sexuel aliénant et ce désir de mort (l’accouplement étant perçu comme une naissance ayant nécessité préalablement la mort de l’individu qui désire donc l’accouplement autant qu’il le redoute et veut aussi se sécuriser en recréant l’autre avant l’union -maquillage, perruque blonde, robe blanche- Hitchcock payait des psychiatres pour l’aider à écrire ses scénarii) On pourrait évidemment étendre tout cela à David Lynch (je pense à Lost Highway par exemple).

  17. L’article est super, j’aurais bien aimé connaitre toutes les autres astuces d’un km de long, ou vais je pour les connaitre ? Maitriser ces ficelles semble par contre assez ardu…

    1. Bonjour Laura et merci 🙂

      Ensuite, il faut maîtriser les bases sur les personnages. Tu avais Personnage et point de vue de Orson Scott Cards qui était pas mal sur ça. Pour la narratologie, tu n’as pas franchement de livre dédiés sur les méchants, mais tu peux apprendre des trucs intéressants sur l’anatomie du scénario de Truby.

      Sinon, dans ma formation j’explique dans un module la relation entre antagoniste et protagoniste et ce que doit être le méchant et le héros :

      https://narrationetcafeine.fr/construire-une-histoire-rapidement-sans-abandonner/

  18. Bonjour !
    Merci beaucoup pour cet article incroyable qui va beaucoup m’aider à développer mon scénario.
    Mais je bute sur un type de méchant que je veux créer : comment rendre le point de vue du gentil crédible si le point de vue et les actes du « méchant » sont logiques sans tomber dans l’utopie pour le gentil (et le rendant alors fade)?
    Car à chaque fois que j’essaie de trouver un argument au gentil, j’arrive facilement à le contredire avec mon méchant. Du coup je n’arrive pas à trouver de la crédibilité à mon héro.
    Auriez-vous un petit conseil pour ça ?

    1. Hello !

      Merci pour ton retour. Mon conseil, c’est de jeter un oeil aux saisons 1 des séries the 100 ou Game of thrones et d’étudier comment les perso sont développés (pour trône de fer, tu peux même lire le livre). C’est typiquement ce que tu recherches.

      Je pense que le problème vient du fait que ton antagoniste est trop fort par rapport à ton protagoniste. En soi, c’est pas un mal, on utilise souvent un ou plusieurs mentor/alliés pour corriger ce problème et permettre au protagoniste de vaincre sa némésis.

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